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Luxembourg Rosa - Marxisme contre dictature


Auteur : Luxembourg Rosa
Ouvrage : Marxisme contre dictature La démocratie selon Lénine et Luxembourg Centralisme et démocratie Masse et chefs Liberté de la critique et de la science
Année : 1934

Lien de téléchargement : Luxembourg_Rosa_-_Marxisme_contre_dictature.zip

Ce recueil d'articles de Rosa et notamment « Questions d'organisation de la S.D. russe intitulé ici « Centralisme et démocratie » n'a jamais été si actuel bien que vieux de 70 ans. En effet depuis 70 ans nulle part les révolutionnaires n'ont réussi à créer un parti qui ne soit ni réformiste (social-démocrate, en termes actuels) ni léniniste (trotskiste ou stalinien). Comme sans organisation révolutionnaire, il n'y a pas de révolution, cela signifie que la révolution n'a pas été faite - ce qui est évident - quoiqu'elle ait été présente (en mai 68) ce qu'il faut réaffirmer avec force contre les fossoteurs. Certes « la crise de l'humanité » n'est pas la « crise de la direction révolutionnaire » mais quelque chose de beaucoup plus profond. Il n'empêche, l'organisation révolutionnaire devra bien surgir un jour - et non pas justement comme direction - pour que la révolution se fasse. Et ajoutons que c'est la structure interne de cette organisation, et non pas seulement son non-directivisme (comme prétendaient l'être les bolchéviks en 1917 : « Tout le pouvoir au Soviets ») qui sera l'indice et la préfiguration de ce que sera la société future : socialiste ou bureaucratique, révolutionnaire ou contre-révolutionnaire. Ce que peut être une organisation qui ne soit ni social-démocrate, ni stalinienne, voilà ce que trace - contre Lénine - magistralement Rosa, alors que traînent seulement dans l'air des idées innommées, avant même que ce qui sera, plus tard le stalinisme ou la socialdémocratie ne se soit cristallisé en monstrueuses forces matérielles contre-révolutionnaires. C'est pourquoi le grand parti ouvrier qui pourrait naître de la fusion de PS, du PSU, du GLAS et des militants de la CFDT ne peut se constituer - disons-le clairement - qu'en étant « luxembourgiste ». Sans théorie autonome, il ne pourra être soit qu'un parti réformiste et conservateur comme les Travaillistes ou les Sociaux-démocrates allemands, soit encore qu'un appendice idéologique et pratique du PCF (même en étant plus « gros » que lui. Il pourrait aussi combiner les deux tares à la fois et être réformiste et crypto-stalinien, ce qui n'est nullement contradictoire. Les camarades qui oeuvrent à cette fusion sont bien conscients du danger notamment au PSU et à la CFDT. Ils croient pouvoir y remédier en mettant en avant le mot d'ordre enthousiasmant d'autogestion. Mais si je suis absolument « pour » l'autogestion au point d'axer l'essentiel de mes recherches théoriques sur ce concept, l'expression est devenue si vaste qu'elle en devient confuse. On trouve à la fois sous ce vocable les partisans comme nous du communisme de conseils et ceux de la bureaucratie yougoslave. Certains entendent en effet par autogestion la gestion de la société à tous les niveaux par les hommes, le dépérissement de l'État et du salariat alors que d'autres n'y voient qu'une simple gestion économique des usines (où let travailleurs remplaceraient simplement le conseil des actionnaires), des coopératives de consommation, des HLM, etc... C'est-à-dire une gestion ne touchant ni au Capital, ni à l'État. On voit que l'autogestion, si elle est une base minimum de discussion, ne clarifie rien à commencer par le problème : et le parti lui-même sera-t-il autogéré ? Y aura-t-il rotation de tous à tous les échelons de décision, autonomie des luttes, liberté totale des organismes de base, de l'expression des idées. C'est à cette question que la tradition luxembourgiste nous donne des éléments de réponse indispensables. Mais un nouveau parti ouvrier se heurtera immédiatement à un autre problème, celui de ses rapports avec les staliniens. Lucien Laurat qui fut dès 1928-30 le principal introducteur en France de Rosa Luxembourg évoque ce problème dans la préface de 1946 à « Marxisme contre dictature » en nous expliquant que « l'Europe n'est pas à l'abri d'une aventure totalitaire » pour repousser toute idée de front unique avec le PCF. Or il nous semble aujourd'hui que cette crainte est totalement dépassée et ce pour deux raisons que Laurat ne pouvait pas voir justement à son époque : la première concerne les rapports entre l'impérialisme US et l'impérialisme russe, la seconde l'évolution et la base sociologique des PC occidentaux. Pour la première raison, constatons que l'accord de Yalta a tenu bon. Dès l'armistice en Corée, cela a été flagrant mais depuis cet accord il s'est étendu au monde entier : Yalta joue sur le Golan, à Cuba et en Indochine. Si les chars russes sont à Budapest et à Prague, c'est parce que c'était implicitement prévu entre Staline et Roosevelt et pour la même raison, sauf cas de guerre mondiale, ils ne peuvent pas être à Bonn ou Paris. Mais ce ne sont pas seulement les intérêts communs de Moscou et de Washington qui interdisent toute prise de pouvoir par les PC occidentaux, c'est, chose plus profonde, que la nature de leur base sociale a changé. La description apocalyptique mais juste que fait L. Laurat « des éléments fraîchement prolétarisés et déclassés, des inorganisés des jeunes... de cette masse amorphe de suiveurs qui a cessé d'être inorgasée pour être embrigadée dans des partis totalitaires d'obédience fasciste ou bolchévique » cette description ne correspond plus à rien. Tous ces éléments qui étaient en 46 « masse amorphe » sont devenus en '74 les plus combatifs et les plus libertaires, les meilleurs appuis de la nouvelle extrême-gauche. Le PC qui glorifiait les inorganisés en 34, les maudit maintenant... car ils ne vont plus s'organiser chez lui. Quant aux jeunes, le PC malgré le plus grossier racolage (récupération du folklore gauchiste) y est déjà en telle perte de vitesse qu'on a pu penser qu'il mourrait de vieillesse faute d'en recruter assez. Le cas le plus typique est celui des O.S. - pourtant les plus « incultes » selon la définition de Laurat - dont la prolifération sape la base sociale du PC, celui-ci diminuant avec la diminution des OP traditionnels. À propos du stalinisme (et du fascisme) Laurat disait très justement : « l'explication de ce phénomène devra être recherchée dans les modifications qu'a subie la structure sociale du monde du travail au cours des dernières décennies ». En effet, entre approximativement 1924 et 1964, cette structure sociale a dû pousser les ouvriers vers le stalinisme et le fascisme. Depuis 10 ans, l'évolution qui ne fait que s'accentuer, va radicalement dans l'autre sens et cela dans toutes les couches de salariés et de scolarisés. C'est parce que le PC est faible, ou plutôt parce qu'il s'affaiblit de plus en plus, lentement mais sûrement (il lui reste bien sûr son fameux appareil mais c'est une carcasse robuste qui se vide irrémédiablement de sa substance) et parce que nous pouvons le critiquer impitoyablement en étant sûrs d'être entendus par de larges masses (ce qui n'était pas le cas en 34 ou en 46) que nous pouvons pratiquer front unique. Cette période dans laquelle nous sommes entrés, qui est celle du dépassement du stalinisme, nous ramène à la période qu'a connue Rosa et que Laurat ne peut pas comprendre dans la sombre époque « intermédiaire » (1934-64) où il écrit. Comment à l'époque aurait-il pu accepter pleinement la théorie luxembourgiste de la spontanéité révolutionnaire alors que les masses désiraient le fascisme ou le stalinisme ? C'est pourquoi il taxe Rosa d'inconséquence (cf. p. 5 note) à propos de la brochure de 1907 sur la grève en masse ou du discours sur Spartacus de 1919, c'est pourquoi nous pouvons, nous, - entrés dans une période révolutionnaire comparable à celle qu'avait connue Rosa - expliquer son oeuvre dans son intégralité. ALAIN GUILLERM. ...

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