Auteur : Bainville Jacques
Ouvrage : A la France - Aux Français Les signes de la Fin d'un monde Fin de la religion Fin de l'autorité Fin de la famille
Année : 1893
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« On entend dire assez communément, dit Joseph de Maistre, que tous les siècles se ressemblent, et que tous les hommes ont toujours été les mêmes ; mais il faut bien se garder de croire à ces maximes générales que la paresse ou la légèreté inventent pour se dispenser de réfléchir. Tous les siècles, au contraire, et toutes les nations manifestent un caractère particulier et distinctif qu'il faut considérer soigneusement. Sans doute, il y a toujours eu des vices dans le monde, mais ces vices peuvent différer en quantité, en nature, en qualité dominante et en intensité. Il faut encore avoir égard au mélange des vertus dont la proportion varie infiniment. Lorsqu'on a montré les mêmes genres d'excès en temps et lieux différents, on se croit en droit de conclure magistralement que les hommes ont toujours été les mêmes. Il n'y a pas de sophisme plus grossier ni plus commun. » (Essai sur le principe générateur des constitutions politiques, LXI.) Comme au temps de Joseph de Maistre, ce sophisme grossier reste encore commun auprès des gens qui ne réfléchissent pas. Cependant beaucoup de ceux qui réfléchissent, considérant le caractère particulier que revêt le mal à notre époque, croient pouvoir affirmer que nous sommes à la veille de terribles catastrophes. M. Ed. Drumont nous les fait, pour ainsi dire, toucher du doigt dans son livre, La Fin d'un Monde. M. I. de Penboch, tout en admettant la catastrophe, se plaît à espérer un beau lendemain, et il intitule sa réponse à M. Drumont, Demain. Une foule de livres ont été écrits sur ce sujet. Mais tous ceux que j'ai lus revêtent trop, à mon humble avis, le caractère de chronique ou de faits divers. Ils nous font un tableau parfois inutile des désordres contemporains; mais ils oublient de nous dire que ces désordres viennent de l'écroulement des principes qui constituent la base sans laquelle aucune société ne peut ni vivre ni durer. Ils mettent à nu la vermine qui ronge le cadavre, mais ils ne nous indiquent pas les causes qui l'ont fait mourir. En outre, tous ou à peu près, laissent dans l'ombre certains signes qui sont cependant la marque la plus évidente et la plus immédiate d'un irrémédiable désastre. En d'autres termes, tous ces écrivains se sont contentés de faire une analyse incomplète d'ordinaire. Je demande, à mon tour, la permission de faire un peu de synthèse, et, sans entrer dans les détails, d'indiquer les signes généraux qui semblent marquer pour une prochaine dissolution, l'agglomération humaine au milieu de laquelle nous vivons. On dit que la Pythie du temple de Delphes ne pouvait rendre ses oracles qu'en se plaçant sur le trépied sacré. De même, à toute agglomération humaine, à tout corps social, il faut, pour vivre et pour durer, trois choses, la religion, l'autorité et la famille; la religion pour lui donner l'ordre moral, l'autorité pour y maintenir l'ordre matériel, et la famille pour remplacer avec usure les individualités qui disparaissent. C'est là le trépied sacré, nécessaire et suffisant, sur lequel toute société doit être assise pour pouvoir vivre et durer. A cette triple base qu'on enlève un point d'appui, aussitôt le corps social chancelle, il roule de chute en chute; ce n'est bientôt plus qu'un cadavre dans un état de décomposition plus ou moins avancée. Il nous suffira donc d'examiner où nous en sommes, par rapport à la religion, à l'autorité, à la famille, pour savoir si nous constituons véritablement un monde qui finit : et c'est ce qui va faire l'objet successif de nos investigations. ...
Havell Ernest Binfield - The ancient and medieval architecture of India
Author : Havell Ernest Binfield Title : The ancient and medieval architecture of India Year : 1915...