Auteur : Tharaud Jérôme et Jean
Ouvrage : La ville et les champs 1870-1871
Année : 1906
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Le 18 mars 1871, Montmartre se réveillait au bruit du tocsin, de la générale et du clairon. A la faveur de la nuit, la troupe s'était emparée par surprise des cent soixante canons de la Garde Nationale parqués au Moulin de la Galette ; mais faute d'attelages, à sept heures du matin, cinquante pièces à peine avaient été descendues jusqu'à la place Blanche ; les autres étaient encore sur la Butte, gardées par les soldats. Devant la Mairie, place Saint-Pierre, Chaussée-Clignancourt, aux environs du Château-Rouge, les Gardes Nationaux se rassemblaient à la hâte pour s'opposer à l'enlèvement de ces canons qui faisaient la gloire du quartier; et, de minute en minute, leurs rangs se grossissaient d'une foule bruyante où la curiosité cédait vite à la fureur. -Indifférent à ce tumulte, assis devant une table étroite où s'alignaient ses outils d'horloger, la loupe enchâssée dans l’œil, une pince à ses doigts comme un ongle d'acier, Claude Cadras réparait des montres à la clarté de ce jour pluvieux quand u~e violente rumeur interrompit sa besogne. S'étant penché à la fenêtre, il aperçut au· fond de la rue montueuse, dont les maisons s'accrochent les unes aux autres de toute la force de leurs pierres moisies pour ne pas rouler des hauteurs de Montmartre jusqu'au faubourg, une cohue d'hommes, de femmes, d'enfants, de soldats, de Gardes Nationaux attelés à des canons. La foule se démenait à grand bruit pour relayer les attelages humains. Une à une, péniblement, les pièces gravissaient la côte; elles disparurent .enfin emportées dans un élan furieux de la multitude. - Thiers a voulu nous prendre nos canons, s'écria, derrière l'horloger, d'une voix ardente, sa femme qui venait de rentrer sans qu'il l'eût entendue - distrait par cette confusion, étourdi par ce bruit. Tout le. quartier se lève pour les défendre! Les pièces qu'on emporte sont celles que le général Paturel a voulu déménager ce matin. L'imbécile ne les aura pas menées loin ! En une minute, les traits de ses attelages ont été coupés, ses chevaux dételés, ses soldats débauchés. Les officiers sont battus ; la troupe fraternise avec le peuple ; on a pris deux généraux. ...
Demolins Edmond - Saint Louis
Auteur : Demolins Edmond Ouvrage : Saint Louis Année : 19881 Lien de téléchargement :...